Lorsque nous ouvrons doucement la porte et entrons dans la salle de thé, les points de référence ordinaires s’effacent. Nous sommes dans une pièce qui, pendant un court instant, permet à l’hôte et aux invités de se reposer dans un espace commun partagé. Réunissant leurs cœurs ouverts, hôtes et invités se lancent dans une pratique séculaire : le simple fait de servir et de recevoir un bol de thé.
Ces qualités sont mises en évidence par la nature éphémère des choses. Ichi-go, ichi-e est une expression en japonais qui signifie une fois, une réunion. Ce rassemblement entre hôte et invités est unique et ne se reproduira plus jamais de la même manière. La vérité de l’impermanence, la précision et l’élégance de la forme et la sincérité que nous apportons à la réunion nous amènent à un lieu d’appréciation profonde et de célébration.
En tant que moyen habile de rejoindre le ciel et la terre, la pratique du thé révèle le caractère sacré des activités quotidiennes. Nos sens se réveillent lorsque nous entendons le murmure du vent dans les arbres alors que le feu chauffe l’eau pour le thé, voyons la vapeur sortir de la bouilloire, écoutons le son de l’eau couler de la louche de bambou ou captons le parfum du thé vert.
Dans la simplicité d’un espace dégagé, nous sommes émus par la beauté et le sens de la calligraphie sur le parchemin, par l’arrangement sans prétention des fleurs et par les ustensiles choisis avec soin. Bien que peu de choses soient dites et que peu de regards soient échangés, l’atmosphère est intime.