À propos du retrait du Sakyong Mipham et de ce que traverse la communauté internationale Shambhala.
Les membres de la communauté internationale Shambhala sont, depuis plusieurs semaines, ébranlés et animés de nombreux questionnements suite aux accusations portées contre le Sakyong Mipham Rinpoché, qui ont entraîné son retrait de sa position d’enseignant et de ses fonctions administratives au sein de l’organisation. Plusieurs femmes faisant partie de la communauté témoignent avoir été abusées sexuellement par le Sakyong, dont elles étaient les étudiantes, dans un rapport publié en ligne le 28 juin, le projet Sunshine 2, et dans un memorandum additionnel paru en juillet. En février, un premier rapport, le projet Sunshine 1 avait mis en cause des enseignants seniors pour des faits similaires. De tels agissements vont clairement à l’encontre des principes éthiques bouddhistes qui sont les nôtres.
Les deux rapports ont été coordonnés par Andrea Winn, dans le sillage du mouvement #me too. L’auteure est une ancienne membre de Shambhala en Amérique du Nord et se présente comme ayant été elle-même victime d’abus au sein de la communauté. Ces rapports n’ont pour le moment été publiés qu’en langue anglaise.
Suite à leur diffusion, une série de décisions ont été prises au niveau international :
- Fin juin-début juillet, le Sakyong Mipham Rinpoché a reconnu avoir eu des relations avec des femmes de la communauté et a présenté ses excuses publiques. Puis il s’est retiré de sa position d’enseignant et de ses fonctions administratives le temps que soit conduite une enquête indépendante (voir ci-dessous) ;
- Fin juin-début juillet, les membres du Conseil Kalapa, structure de gouvernance de Shambhala au niveau international, ont reconnu la gravité de la situation avant d’annoncer leur démission et la constitution d’une « task force » de transition. Il s’agit de laisser place à un processus de guérison, de réconciliation et de transformation au sein de la communauté et de la gouvernance de Shambhala ;
- 20 juillet, une enquête indépendante a été lancée concernant les allégations d’inconduites sexuelles visant des dirigeants de la communauté. Elle est conduite par Wickwire Holm, un cabinet d’avocats basé à Halifax et mandaté par Shambhala au niveau international. Le cabinet enregistrera et examinera les plaintes pendant 3 mois, jusque fin octobre. Un rapport sera remis à la structure de gouvernance intérimaire qui devrait le communiquer à l’ensemble de la communauté ;
- 20 juillet, l’organisation An Olive Branch a été mandatée par Shambhala au niveau international pour apporter son soutien et son expertise dans les domaines suivants : accueil, dans un cadre neutre, des récits de mauvais traitement ou de préjudices subis ; défense des victimes ; élaboration de nouvelles politiques éthiques et procédures de prise en compte des préjudices ; facilitation de formations et de réunions au niveau régional; promotion de la réconciliation au sein de la communauté ;
- Mi-juillet-mi-août, le Conseil européen du Trésor et le directeur financier de Shambhala au niveau international alertent la communauté sur les difficultés financières que traverse l’organisation et annoncent des mesures immédiates pour endiguer la crise. Un rapport financier a été diffusé le 15 août ;
- 1er août, une « task force » de transition démarre son travail pour une durée de six semaines. Sous la responsabilité de Pema Chödrön, ce groupe de sept personnes a pour mission de désigner un Conseil de gouvernance intérimaire pour une durée d’une année et une équipe de processus chargée d’accompagner les transformations relatives à la gouvernance de Shambhala au niveau international. En savoir plus sur le processus en cours.
Les différentes voies pour signaler des abus
Il existe actuellement trois voies pour signaler un cas d’abus ou d’inconduite sexuelle au sein de la communauté.
Réflexions d’enseignants shambhaliens et bouddhistes
Des enseignants shambhaliens se sont exprimés sur la situation que traverse la communauté, dont Susan Piver, Ethan Nichtern (29 juin et 20 juillet), Lama Rod Owen, un collectif de femmes acharyas (enseignantes seniors). Ces textes peuvent soutenir notre réflexion.
D’autres enseignants bouddhistes se sont exprimés sur le sujet de l’inconduite sexuelle et des abus perpétrés par des maîtres, comme par exemple Yongey Mingyur Rinpoché, Jetsunma Tenzin Palmo & Lama Tsultrim Allione, Pema Chödrön.
Et pendant ce temps à Paris, comment accompagner le processus individuel et communautaire ?
Afin de soutenir le processus de chacun et de la communauté, le centre Shambhala de Paris a organisé un premier cercle de parole début juillet, lequel a réuni une cinquantaine de personnes, membres et adhérents de l’association parisienne. D’autres cercles seront proposés à la rentrée afin d’approfondir le nécessaire travail de reconnaissance de ce que cela remue et questionne pour chacun·e, tenter de faire sens et soutenir le travail de réflexion sur le renouvellement de la gouvernance. Nous travaillons à programmer des retraites permettant de soutenir la contemplation et la pratique de chacun·e.
Autres ressources en ligne …
Le site de l’organisation An Olive Branch offre des liens intéressants vers des articles parus principalement dans le magazine bouddhiste Lion’s Roar dans ses pages ressources.
Voir aussi le fil d’actualités sur le site de Dechen Choling, le centre de retraite communautaire européen de Shambhala, situé dans le Limousin.
… sur des cas d’abus et d’inconduite sexuelle
Le magazine Tricycle a mis en ligne un certain nombre d’articles récents et issus de ses archives sur le sujet :
How Samaya Works, par Ken Mc Leod, Automne 2018
Shambhala and The World of Shambhala, par Dan Montgomery, Tricycle, 6 août 2018
Encountering the Shadow in Buddhist America, par Katy Butler, Tricycle, 1er août 2018
Same old Story in a New World, par Katy Butler, Tricycle, 1er août 2018
What Went Wrong, par Emma Varvaloucas, Tricycle, hiver 2017
Why I quit Guru Yoga, par Stephen Batchelor, Tricycle, hiver 2017
The good fit, par Andrew Cooper, Tricycle, 2015
Sex in the Sangha . . . Again, par Andrew Cooper and Emma Varvaloucas, Tricycle, hiver 2013
Broken Gold, par Noelle Oxenhandler, Tricycle, printemps 2012